Une pratique ancestrale contre les jeteurs de sort; l'OCCHIU littéralement l'OEIL. existe encore dans nos villages. En pays très catholique ! , ces pratiques et ces croyances sur une sorte de magie ou de sorcellerie existe toujours de nos jours, même si certaines personnes ont honte d’invoquer ces croyances qu’elles croient dépassées dans notre esprit cartésien et n’ose plus trop en parler. Il leur reste la superstition et la peur, et tout ceci ne donne que plus de force a tout ceci.
Quand une personne estime être victime du mauvais oeil, c'est-à-dire d'un sort jeté par jalousie ou envie ou par des éloges ou compliments trop fascinants, elle fait appel à l'intervention d'une Signatore ( il s’agit personne connaissant les prières adéquates pour officier). Les effets de l’occhiu ( le mauvais œil ) ne sont pas conscients ou volontaires, mais ils se manifestent par des symptômes précis : maux de tête violents fièvre, nausée, lassitude, échecs ; des états endémiques tout aussi inexplicables les uns que les autres.
Le mauvais sort peut être transmis par les vivants de son entourage, ou par les morts (dans ce cas on l'appellera l'imbuscata.
Le pouvoir de signer l’œil, on l'observe souvent chez les femmes âgées dont la transmission se faisait autrefois en famille. La personne qui recevait cet héritage était tenue de respecter secrètement le formulaire des prières et le rituel à appliquer. Ces paroles sacro-saintes étaient enseignées à une date précise. Cette date est dans toute la Corse , celle de la nuit de Noël, et la transmission devait se faire pendant que la cloche du village sonnait les 12 coups de minuit. Dans le cas contraire elles n'auraient aucune efficacité. Une entorse à cette règle était la passation dans l’urgence. Une personne en danger de mort pouvait passer ce pouvoir à n’importe quel moment. En général ce pouvoir se transmettait de grand-mère à petite-fille. Il est à peine besoin de souligner que l'église se montre plus que circonspecte en la matière.
La pratique est spectaculaire. On fait le noir complet dans une pièce. On allume une ou deux bougies à la flamme tremblotante la nuit tombée. La signatore se munit d'une assiette creuse dans laquelle elle verse un fond d'eau et la tient au dessus de la tête de la personne que l'on va signer assise sur une chaise. Dans le recueillement, l'officiante récite les formules apprises la nuit de Noël. Elle jette quelques grains de sel sur les flammes des bougies, puis elle laisse tomber quelques gouttes d'huile d'olive sur l'eau contenue dans l'assiette.
C'est l'interprétation des formes que prennent les gouttes d'huile sur l'eau qui permet de dire si le sujet était ou n'était pas sous le coup du mauvais oeil.
Dans l'affirmative, la cérémonie terminée, on jette le contenu et c'est le soulagement. Le sort est conjuré. Dans le cas contraire, il faut chercher ailleurs les maux.
Certaines fois il est nécessaire à la signatore, opérant seule, de renouveler trois fois le rituel et, si le problème persiste, elle devra faire une neuvaine ( 9 jours ) et faire appel à deux autres signatore pour l’aider. Dans d’autres régions de Corse, il existe une variante.
Deux cas peuvent se produire :
- les gouttes d'huile restent rondes, brillantes et petites le patient ne possède pas l'oghju .Il est atteint d'un autre mal.
- les gouttes d'huile s'élargissent, dans ce cas il y' a envoûtement, une autre Signatore doit recommencer l'incantesimu. La séance peut se renouveler, si nécessaire, encore une troisième fois avec une troisième Signatore.
Sans être aujourd'hui d'un usage courant, on peut dire qu'il existe encore des adeptes. Quant à cet enseignement, il vient de la nuit des temps et garde son mystère.
Effectivement il vient de la nuit des temps, bien avant l’ère chrétienne. Et malgré cette sur couche catholique actuelle, nous pouvons retrouver la pureté de ses pratiques.